Marielle Chabal

Al Qamar

Elle invente des mondes inouïs. Marielle Chabal, 30 ans, a enthousiasmé le jury Audi talents pour la profondeur et l’ampleur de ses engagements artistiques.

Écrivain et plasticienne, la jeune femme, passée par Khâgne, Sciences-Po, les Beaux-Arts et le Royal College of Art de Londres, développe des fictions littéraires qui donnent lieu à des formes sculpturales, picturales, cinématographiques, musicales. Avec Al Qamar, elle propose de retracer l’histoire de la communauté libertaire des Halmens, hackeuses féministes, à l’origine de la fondation en 2023 de la cité « de la Lune » (Al Qamar), à Jericho, en Palestine.

Roman, film, installation associant fanzines, costumes, architectures, maquettes, archives, objets dérivés, concerts et performances : le projet de Marielle Chabal plongera le spectateur dans un univers total. « En deux mille vingt-trois, nous rappelle-t-elle, quelques mois après le Reset, des milliers de personnes se sont rassemblées dans cette cité aux formes exponentielles, où les nuits s’enflamment et les jours défilent dans des dispositifs communautaires entre rejet du capitalisme, négation du modèle familial, sexe, musique électronique et partages des tâches. » Chemin de traverse, option pour une autre façon de vivre ensemble : Al Qamar est une utopie, elle-même mise en forme par l’artiste en communauté.

Grégory Chatonsky

Terre Seconde

« Terre Seconde » est une autre Terre, une planète de remplacement, un vaisseau dérivant dans l’espace ou l’hallucination d’une machine. » Un autre monde créé par une intelligence artificielle. Initié il y a plus d’un an à la suite d’expérimentations « tous azimuts » d’un logiciel de « deep learning », le projet de Grégory Chatonsky s’est nourri du constat que « la machine devenait capable de représentation, de mimesis. » Résultat, cette Terre Seconde, produite par une machine.

À partir d’une base de données de milliers d’images de la terre vue de l’espace, elle créé sa propre représentation de la planète. Grégory Chatonsky, par le même procédé d’accumulation de données, lui donne ensuite les fluides, le son, la parole, des organismes. Un monde à « visiter » dans une exposition que l’artiste imagine évolutive : sur une structure modulaire en aluminium, l’exposition « autoportée » accueillera chaque jour de nouveaux éléments : projections, installation sonore, vidéo 360, images 3D.

Rêve dans un rêve, espace dans l’espace : l’installation devait, pour Grégory Chatonsky, « rendre sensible l’ambiguïté de cette imagination artificielle qui doute radicalement de son statut. »

Sébastien Cordoleani & Franck Fontana

Quand ils reçoivent l’Audi talents Design en 2007, Sébastien Cordoleani et Franck Fontana viennent de fonder leur agence, Cordoleani et Fontana, dans la très inspirante Barcelone, ville « spontanée et créative ».

Un goût prononcé pour les matériaux atypiques comme le sucre, les designers réalisent en 2007 une friandise en utilisant la technique du verre soufflé qu’ils appellent « Azúcar ». Mais c’est avec leur table en PWF, un matériau composite de bois et de nylon, fusion entre une nappe et un plateau de table, qu’ils ont convaincu le jury Audi talents.

Un goût prononcé pour les matériaux atypiques comme le sucre, les designers réalisent en 2007 une friandise en utilisant la technique du verre soufflé qu’ils appellent « Azúcar ». Mais c’est avec leur table en PWF, un matériau composite de bois et de nylon, fusion entre une nappe et un plateau de table, qu’ils ont convaincu le jury Audi talents awards.

En 2009, nouvelle expérience, pour ces designers enthousiastes : une résidence à la Villa Kujoyama, au Japon, qui ressource à nouveau leur approche de l’objet.

http://www.franckfontana.com/

http://www.sebastiencordoleani.com/

Isabelle Daëron

Topiques : l’eau, l’air, la lumière et la ville

Installation, scénographie, recherche en design : Isabelle Daëron porte sa réflexion multiforme sur le milieu habitable et les éléments naturels qui le constituent. Diplômée de l’Ecole Supérieure d’Art et Design de Reims et de l’Ensci-Les Ateliers, elle mène depuis plusieurs années des recherches sur l’usage des flux naturels (eau, air, lumière) dans l’espace public.

Avec « Les Topiques ou l’utopique désir d’habiter les flux », le projet qui lui a valu l’Audi talents Design 2015, elle s’est demandée comment concevoir des dispositifs qui tirent parti des ressources naturelles sur leur lieu de production, afin d’en réduire au maximum les étapes de transformation. On y compte des fontaines filtrant l’eau de pluie ou des collecteurs de feuilles fonctionnant grâce au vent, un micro réseau d’irrigation, un miroir de ciel alimenté à l’eau de pluie, un dispositif permettant d’irriguer un espace vert parisien ou encore un objet qui invite le soleil dans l’espace domestique, en recyclant la nuit à l’intérieur la lumière captée la journée à l’extérieur. .

Une approche autant consciente que poétique, dont on devrait très vite et largement entendre parler, et à découvrir sur https://www.isabelledaeron.com

Jérôme Dumetz

Après des études en Architecture et en Arts appliqués, Jérôme Dumetz se présente comme artisan-designer. Installé à Marseille, il dessine et fabrique du mobilier pour les particuliers et les professionnels.

Le projet qui lui a valu les suffrages du jury Audi talents Design 2013 est une collection de mobilier à construire soi-même à partir d’une gamme de 8 connecteurs et de panneaux de bois achetés et découpés dans une grande surface de bricolage.

Concrètement, 5 étapes : le consommateur sélectionne sur le site web dédié le mobilier qu’il souhaite dans une collection (étagères et boîtes murales, bibliothèques en pied, table basse, guéridon, encadrement, table, banc, buffet, mobilier pour enfant…). Il choisit ensuite les dimensions et le type de panneau, les coloris des connecteurs. Une fois édités sa commande, la prévisualisation de son projet, son plan de montage et sa « liste de course » – y compris le détail des coupes -, il se rend dans son magasin. Il a enfin toutes les cartes en main pour construire son mobilier.

Le projet repose sur la simplicité et la cohérence esthétique des connecteurs et s’inscrit dans la dynamique du DIY (« Design it Yourself » ou « Do It Yourself »). Reposant sur une modularité qui prend de plus en plus d’importance dans l’univers du design, ce projet de design modulable, interactif et durable propose un nouvel usage en impliquant le consommateur dans la réalisation de ses projets d’aménagement.

Jérôme Dumetz a été élu par le jury Audi talents Art contemporain et Design 2013 composé d’Ora-ïto, Thierry Marx, René-Jacques Mayer et Xavier Veilhan.

http://jeromedumetz.com/