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Exposition

alt+R, Alternative Réalité

En 2018, le jury Audi talents, composé de Paula Aisemberg, alors directrice de la Maison Rouge, Christophe Chassol, compositeur et réalisateur, Vittoria Matarrese, directrice de la programmation des arts performatifs au Palais de Tokyo, et Felipe Ribon, designer, a récompensé les lauréats de l’appel à projets en leur permettant d’exposer leur création au Palais de Tokyo.

Le mot du commissaire

Le mot du commissaire

Jeu de mot sur les faits dits « alternatifs » qui ont envahi les médias et la communication de notre époque, l’exposition « alt+R – Alternative Réalité » nous rappelle que l’imaginaire demeure le pouvoir des artistes, non pas pour falsifier le réel mais bien pour en proposer des lectures plurielles, au service de notre émancipation et du rafraîchissement de nos horizons. Lauréates Audi talents, les trois installations présentées au Palais de Tokyo sont des voyages prospectifs dans l’Histoire et les histoires qui façonnent notre époque, celles des nouvelles technologies, des discours sur l’art et d’un avenir affamé de science et de fiction politique.

Gaël Charbau

Al Qamar, Marielle Chabal

Marielle Chabal évoque dans ses œuvres le rôle social de l’art, les possibilités offertes par l’engagement collectif. Écrivaine et plasticienne, elle développe des fictions littéraires qui donnent lieu à des formes sculpturales, picturales, musicales et cinématographiques. En juin 2019, elle propose une étape narrative à son projet au long cours Al Qamar.

Dans un film expérimental et semi-documentaire, elle relate les différents enjeux de l’installation de la communauté fictive libertaire d’Al Qamar – une communauté d’Occidentaux venus établir leur cité en 2024 sur les restes d’une base militaire israélienne, aux alentours de Jéricho, en Palestine. Le film décortique les pratiques, les espoirs et les erreurs commises par cette communauté : le projet utopique de l’artiste se transforme en effet en dystopie politique, intégrant sa propre critique.

Chemin de traverse

Al Qamar est une utopie mise en forme par l’artiste avec la communauté qu’elle a créée autour de son projet. Ici, comme dans l’ensemble de ses œuvres, Marielle Chabal fait appel à plus d’une centaine de talents pour concevoir les formes qui dessinent ce monde alternatif.

Son exposition s’ouvre sur les maquettes des architectures de la cité fictive d’Al Qamar, celles qui ont été utilisées pour tourner un film à l’écriture singulière, des bâtiments qui apparaissent comme des personnages et pas simplement comme arrière-plan. En personnifiant ainsi les agents de l’urbanité de la cité d’Al Qamar, l’espace n’est plus un décor mais un outil producteur de significations, de manières de vivre différentes.

Crédit photo : J-C. Lett

Terre Seconde, Grégory Chatonsky

Générée à partir de millions de données, images, textes et sons, trouvées sur internet, Terre Seconde de Grégory Chatonsky, artiste captivé par les champs imaginaires ouverts par le digital, prend la forme d’une installation évolutive.

Terre Seconde est une autre Terre, une planète de remplacement, un vaisseau dérivant dans le silence de l’espace, l’hallucination d’une machine insensée, un monument dédié à la mémoire de l’espèce humaine éteinte. Un autre monde créé par un réseau récursif de neurones, habituellement nommé « intelligence artificielle ».

Initié il y a plus d’un an à la suite d’expérimentations sur des logiciels de « deep learning », le projet de Grégory Chatonsky s’est nourri du constat que « la machine devenait capable de produire automatiquement une quantité phénoménale d’images réalistes à partir de l’accumulation des données sur le Web. Ce réalisme ressemble au monde que nous connaissons, mais n’en est pas la reproduction à l’identique. Les espèces se métamorphosent les unes dans les autres, les pierres mutent en plantes et les rivages de l’océan en des organismes jamais vus ». Résultat : cette « seconde » Terre, une réinvention de notre monde, produite par une machine qui s’interroge sur la nature de sa production.

Terre Seconde, de Grégory Chatonsky
Chatonsky

A partir d’une base de données de millions d’images, elle crée sa propre représentation de la planète minérale. Grégory Chatonsky, par le même procédé d’accumulation de données et d’analyse statistique, lui donne ensuite les fluides, les plantes, le son, la parole et des organismes pour peupler sa surface. Un monde à « visiter » dans une exposition que l’artiste a imaginée pour être évolutive : une structure modulaire accueille chaque jour de nouvelles sculptures aux étranges formes organiques imaginées par la machine. Rêve dans un rêve, espace dans l’espace : l’installation doit, pour Grégory Chatonsky, « rendre sensible l’ambiguïté de cette imagination artificielle qui doute radicalement de son statut.

Crédit photo : J-C. Lett

Picrochole – Le Rêve de Paul, Léonard Martin

Avec Picrochole – Le rêve de Paul, Léonard Martin donne son interprétation de la bataille de San Romano peinte au 15e siècle par Paolo Uccello. Passant de la littérature à la vidéo, des arts savants aux arts populaires, Léonard Martin revisite l’œuvre du maître italien dans un film mettant en scène trois cavaliers géants réalisés lors de sa résidence à la Villa Médicis, à Rome.

Film de marionnettes, au croisement de l’histoire de la peinture, de la littérature et de la culture populaire, Picrochole – Le rêve de Paul (référence au belliqueux monarque de Rabelais et au prénom du peintre italien) lance des ponts entre les époques et les formes.

L’installation nous conduit à trois écrans synchronisés (reflets des trois volets dispersés du tableau d’Uccello) qui diffusent le film réalisé par l’artiste lors de sa résidence à la Villa Médicis. En combat, en errance ou en ronde, on y suit les déambulations, dans les jardins de la Villa et dans les rues de Florence, de trois marionnettes géantes (7 mètres de haut) figurant les chevaliers du maître italien. Au centre de l’espace, Léonard Martin présente « Circo Uccello », une pièce composée de cinq automates, modèles réduits des cavaliers de Paolo Uccello.

En juxtaposant l’invention de la perspective de la Renaissance italienne et la représentation du mouvement du peintre florentin aux nouveaux regards portés sur le corps et le paysage à l’ère numérique, Léonard Martin offre un dialogue ludique entre les époques et prend l’autoroute des télescopages stylistiques dans une jouissive liberté.

Avec la participation de : L’Institut français d’Italie / Ambassade de France en Italie
La Fondation Teatro della Toscana
L’Académie de France à Rome – Villa Médicis
Avec le soutien de : La Fondation Nuovi Mecenati

Leonard Martin

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